Les impacts de la Campagne de désinformation de Chris Yapi sur la cohésion sociale à l’endroit des communautés de Côte d’Ivoire et du Niger

Le 26 juillet  2023, des militaires ont entrepris un coup d’État au Niger et écarter le président élu Mohamed Bazoum , la communauté internationale a dans le même temps, réclamé le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la libération du président renversé sous peinr de plusieurs sanctions notamment au plan  économiques, suivi de plusieurs condamnations. 

Cette situation a suscité beaucoup de commentaires sur la toile. De multiples internautes, notamment des ivoiriens, ont exprimé leur opinion sur le coup d’État et la gestion de la situation sociopolitique au Niger. Cependant, dans les faits, Chris Yapi, un cyberactiviste n’a cessé depuis le coup d’État du Niger de faire des commentaires et des publications renfermant des germes de conflits à caractère identitaire et communautariste, des propos de haine qui représentent une menace pour la cohabitation et la cohésion sociale des communautés nigérienne vivant en Côte d’Ivoire, et celle ivoirienne vivant sur le territoire du Niger.

Ainsi est posé la problématique des impacts de la Campagne de désinformation de Chris Yapi sur la cohésion sociale à l’endroit des communautés de Côte d’Ivoire et du Niger à travers les concepts de violence verbale, de désinformation et de propagande. Cela dit, certains actes de langage sont considérés comme potentiellement menaçants.

Voyons de près ces propos de haine et de propos communautaristes qui favorisent, par ailleurs, la production, la diffusion massive de la désinformation, un danger pour les communautés du Niger et de la Côte d’Ivoire.

 ‘’ Alassane Ouattara a décidé de faire la guerre au Niger. Où sont passés nos imans –politiciens du Cosim ?

Est-ce que le coran a dit qu’il faut faire la guerre pour installer Bazoum au Niger ?

Couards, les imans du Cosim sont incapables de dire la vérité au vieux Grigou

Pourtant, les imans béninois ont eu le courage d’interpeller Patrice Soulier (Talon)

Les imans ivoiriens ont plus peur d’Alassane Ouattara que de Dieu ! Ehh Allah !!!

Si on parle, il ne va plus nous donner l’‘argent pour manger et puis il va nous mettre en prison.

 

Un antécédent, objet de foyers de tensions entre la communauté nigérienne et Ivoirienne

Le 19 mai 2021, prenant prétexte de la publication sur les réseaux sociaux d’un élément vidéo non daté, montrant des individus torturés, d’autres, dits à tort, être des ivoiriens, des personnes ont été molestées à Abidjan, des ressortissants du Niger. Ces violences ont fait un mort, des blessés avec des biens saccagés et pillés.  

Qui est Chris Yapi ?

D’aucuns le nomment comme un avatar. Cet avatar s’est en effet spécialisé dans la mise au grand jour de certains faits qu’on qualifiait naguère de secrets d’État. Par contre, pour d’autres, il s’agit un cyberactiviste qui relaie les informations. Se faisant appeler  lanceur d’alerte avec environ  471 000 abonnés sur YouTube, il est souvent accusé de désinformation dans le cadre de ses révélations. Cependant, Chris Yapi fut un moment, une source de révélateurs des secrets d’État ivoirien, à l’image des services de renseignements. Par exemple, le cas du ministre  au sein du gouvernement ivoirien accusé de « violeur » :  

La violence verbale comme argument de manipulation

Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum au Niger, les pays ouest-africains se divisent entre les régimes militaires soutenant le putsch et ceux qui appellent au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Les cyberactivistes ont apporté de l’huile sur le feu dans le coup d’État au Niger.

En effet, dans l’affaire de la crise sociopolitique du Niger, Chris Yapi avec des mots acerbes teintés d’injures et propos haineux, a  attaqué la communauté musulmane à travers le Conseil supérieur des Imans (COSIM). Des propos qui tendent à jeter un discrédit sur les liens fraternels et la cohésion entre les communautés ivoirienne et nigérienne.

Ces publications se  sont amplifiées sur les réseaux sociaux, Facebook et YouTube accusant ainsi les guides religieux musulmans de rester dans le mutisme dans la crise qui secoue le Niger. Chris Yapi dans ces sorties,  poussait  les guides religieux à se prononcer dans la sphère numérique.

Dans le contexte ivoirien, Chris Yapi  à fait usage de violence verbale dans ces posts (publications) qui tendaient  à discriminer les guides religieux ivoiriens à travers toutes formes 

Les conséquences de ces propos communautaristes ont contribué à attiser la haine à l’endroit des deux communautés, du Niger et de la Côte d’Ivoire. La finalité étant d’influencer les internautes ivoiriens pour les amener à regarder méchamment la communauté nigérienne vivant sur le territoire ivoirien, mieux à les haïr ainsi qu’à ternir le rôle des guides religieux du Cosim. De façon directe, ces propos ont touché simultanément des millions de personnes en majorité, des jeunes très actifs sur les réseaux sociaux,  et ils ont été relayés à  une si  grande vitesse qu’elles contrarient les efforts de sensibilisation pour la cohésion sociale et la paix durable en Côte d’Ivoire.

Désintérêt croissant des médias traditionnels chez le public ivoirien au profil des cyberactivistes

Selon l’Autorité Nationale de la presse (ANP), l’on note le désintérêt croissant des médias traditionnels chez le public ivoirien qui se tourne de plus en plus vers l’actualité fournie par des comptes de réseaux sociaux. Dans les sondages du rapport Afrobarometer, la Côte d’Ivoire est 30e dans le classement des citoyens considérant que les médias de leur pays sont libres. 52% des sondés ivoiriens pour le compte de l’étude pensent que la presse locale n’est pas très libre, voire pas du tout. Un fait qui amène à la « consommation de l’information en ligne ».

Que dit la loi …

Dans l’exercice de leur fonction, les cyberactivistes, influenceurs sont soumis, depuis le 31 janvier 2022, à une loi visant à réguler leurs activités sur la toile.

Les influenceurs, bloggeurs et activistes des réseaux sociaux sont soumis désormais en Côte d’Ivoire dans un cadre juridique, notamment l’expression des opinions. Des amendes et peines qui mettent l’accent sur l’apologie de la xénophobie. Une infraction criminalisée selon laquelle l’individu reconnu coupable encourt de 10 à 20 ans de prison. L’objectif étant de garantir un climat social apaisé.

Cette législation stipule que « Les contenus susceptibles d’inciter à la haine, à la discrimination ethnique, sociale, religieuse et à la xénophobie ou provocation publique, sont passibles de sanctions ». Elle continue pour préciser » Qu’en cas de non-respect des principes généraux tels que l’atteinte à la souveraineté nationale, la violation du secret d’état, l’atteinte à la défense nationale, le non-respect des institutions de la République, l’atteinte à la dignité de la personne humaine, les contrevenants seront passibles de sanctions ». Dans la même veine, tout blogueur, Influenceur et cyber activiste ayant plus de 25.000 abonnés à son actif est désormais soumis à cette loi, indique la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC).

Pour ce qui est des sanctions, selon la loi, les coupables   s’exposent à une peine de prison allant de 3 mois à un an et une amende de 2 à 10 millions de francs CFA.

Pour Preuve, l’influenceuse Ivoirienne Lolo Beauté qui revendique 100.000 abonnés a été arrêtée  et déférée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) pour atteinte publique à la pudeur. 

 Conclusion

Cette analyse nous permet de distinguer la responsabilité pénale des activistes, blogueurs et autres influenceurs, qui utilisent les réseaux sociaux comme canaux de communication. Dans notre cas, Chris Yapi enfreint à la loi. Mais Chris Yapi, cet avatar reste insaisissable et introuvable selon les autorités ivoiriennes.  Dans le contexte sociopolitique, les propos de Chris Yapi portent atteinte à la crédibilité des guides religieux du COSIM. En dépit des propos tenus par cet avatar, il serait nécessaire de préconiser une sensibilisation de la population sur la consommation du type d’informations relayées. De façon pratique, passer à l’éducation aux médias sociaux: Faire de la sensibilisation sur des posts de publication, lorsqu’un individu fait des posts dans le but d’alimenter la haine, ou de proférer des propos communautaristes. Dans les commentaires, les internautes se doivent de répondre en disant NON aux propos communautaristes.

Par ailleurs, il est urgent de demander à l’État de Côte d’Ivoire de bloquer les posts des cyberactivistes qui s’adonnent à ce genre de propos de haine et de propagandistes qui mettent en mal la cohésion sociale.

Le débat aurait dû porter sur un appel des guides religieux des États ivoirien et nigérien à sauvegarder la paix entre ces deux communautés dans ce contexte.