Depuis le lundi 19 février 2024, Abidjan, la grande métropole ivoirienne est le théâtre d’opérations de déguerpissements tous azimuts dans plusieurs communes mettant en action les bulldozers du District Autonome d’Abidjan.
Partout où ces machines sont passées, les scènes sont saisissantes, tristes, choquantes et émouvantes. Des hommes et femmes coulant des flots de larmes ne savent où donner de la tête. Depuis ce jour ‘’maudit’’, des pères de familles et leurs protégés dorment à la belle étoile avec ce qu’ils ont pu sauver de leurs affaires. Le spectacle est désolant.
Quid des élèves dont le collège a été rasé jetant près de deux milliers d’apprenants à la rue. Or, selon les autorités du District Autonome d’Abidjan, ce sont 176 sites, répartis dans divers sous-quartiers des communes d’Abidjan qui seront la proie des bulldozers. Le comble est que les occupants de ces sites disent n’avoir pas reçu de sommation encore moins de dédommagements pour pouvoir se caser ailleurs. Commentant pourrait-on dédommager ces personnes qui continuent de subir la rage des bulldozers ?
Femmes, enfants, vieillards, personnes malades ou handicapées… tous exposés à des menaces aussi bien sécuritaires que sanitaires comme l’a souligné le Conseil national des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (Cndh-CI) dans sa déclaration du 24 février, appelant par la même occasion à ‘’l’arrêt immédiat’’ de ces opérations de déguerpissements pour ‘’préserver la dignité humaine’’.
Car, à la vérité, ces démolitions qui l’ont été sans la moindre précaution réduisent des familles entières à dormir à la belle étoile. On doit rendre gloire à Dieu qu’on n’est pas en saison pluvieuse. En tout état de cause, ces déguerpissements à la sauvette constituent une grosse entorse aux droits humains, notamment, le droit à disposer d’un toit, le droit à la dignité.
En plus de les priver du droit à un logement, du droit à la sécurité aussi bien de leurs biens que de leurs personnes que dire du droit à la santé, du droit à un bien-être et du droit à l’éducation ? Quelle est la place de l’Ecole quand de jeunes enfants assistent, impuissants, à la destruction de leur établissement scolaire ? C’est sûr, traumatisés, ils seront marqués à jamais par ces opérations.
Des questionnements que l’Autorité n’a pas jugés utile de trouver des solutions avant de passer à la démolition.
Pourtant, il aurait fallu, tout simplement, faire ces opérations par étapes après concertations des différentes parties pour évaluer les besoins et recaser ceux déguerpis avant de poursuivre l’opération sur d’autres sites pour donner un visage humain à ces démolitions.
Honoré SEPE